Cette lettre a été découverte récemment et nous n'avons pu trouver aucun ami ou famille qui soit connaissait Charles Redele soit travaillait pour lui à l'époque. Si quelqu'un a des souvenirs, qu’il nous contacte! Merci !
En tant qu'industriel ayant de nombreuses responsabilités et occupations, ma femme et moi avons discuté de la culture des pommes comme moyen de détente. Nous avons donc acheté plusieurs vergers pour produire ce fruit en dehors de mes responsabilités d'entreprise.
Nous avons embauché des hommes qui avaient une expérience de la conduite et de la gestion des vergers, mais une mauvaise éthique du travail a entraîné une baisse des bénéfices annuels rendant la production non viable. Ma femme et moi avons donc décidé de vendre les vergers.
Nous avons demandé l’aide de l’Association des Producteurs d’Alimentation pour vendre les vergers. Ils nous ont informés que notre production était inférieure de 50% en fruits de première classe, ce qui entrainait des prix très bas. Ma première réaction a été de remplacer notre personnel dans le verger par des employés plus efficaces. Puis j'ai commencé à réfléchir à mes propres actions et motivations. Je disais aux employés que le verger était pour moi un passetemps et que cela ne me dérangeait pas si je gagnais ou perdais de l'argent. Mais à la maison, je calculais combien d'argent je pouvais mettre dans ma poche.
En 1950, j'ai rencontré pour la première fois le Réarmement Moral (MRA - appelé maintenant Initiatives et Changement) et mes amis m’ont suggéré d’être honnête, de chercher d'abord les erreurs en moi et de mettre les gens avant les choses. J'ai décidé de réunir mes ouvriers et de leur parler de ma malhonnêteté. J'ai dit qu'à l'avenir, je leur montrerais le bilan et les comptes de pertes et profits, et que sur cette base, nous déciderions ensemble de la façon d’affecter les bénéfices. J'avais 16 employés et leur première réaction a été : « Nous sommes seize et vous êtes seul ; ce sera impossible de fonctionner de la sorte. » Ma réponse a été: « Si nous sommes d’honnêtes collègues et ne nous demandons pas qui a raison mais ce qui est bien, il y a une réponse à chaque problème. Cette attitude résoudra les problèmes le plus difficiles. » Les autres ont juste ri et ont dit: « Nous n'y croyons pas. »
Depuis 1950, nous suivons ma suggestion. Pendant trois ans, nous n'avons pas eu de chance : le gel et la grêle ont détruit les récoltes de pommes et il n'y a donc eu aucun profit. C'était une période de faible chômage, les salaires étaient fixés par le gouvernement, la main-d'œuvre agricole était rare et les ouvriers réclamaient des salaires supérieurs au taux légal. Nous n'avons pas payé au-dessus des tarifs officiels, et bien que nos hommes gagnaient 30% de moins, il y avait une liste d'attente de candidats pour travailler dans nos vergers. Au cours des six dernières années, avec les mêmes travailleurs et mêmes machines, nous avons produit 80% de pommes de première classe, malgré les dégâts de grêle qui sont bien sûr non imputables aux ouvriers.
Au printemps, il est parfois nécessaire de retirer ou d’éclaircir une partie des fruits pour faciliter une meilleure croissance des fruits restants. Il s’agit d’un travail exigent en main-d’œuvre et pour terminer l’opération à temps, nos hommes ont demandé à leurs femmes si elles pouvaient aider. Grâce à ce renfort, la tâche a été achevée à temps. Bien que les épouses n'aient pas été habituées à ce genre de travail, elles ont apprécié leur activité dans le verger et se sont portées volontaires pour revenir lors de la cueillette.
L’Association des Producteurs d’Alimentation parraine chaque année une coupe d'argent pour le verger le mieux entretenu. Nos vergers qui, par le passé, perdaient de l'argent et étaient mal entretenus, ont remporté cette coupe d'argent quatre fois en six ans : avec les mêmes arbres et les mêmes machines, mais avec un seul changement, celui d’une nouvelle atmosphère qui s’est développée entre tous les acteurs de la production des fruits.
Depuis plusieurs années, nous faisons du profit et nous trouvons toujours, après quelques heures de discussion, une solution pour répartir équitablement les bénéfices. Cela a toujours été décidé avec le plein consentement de nous tous. Ce partage des bénéfices ne signifie pas que ma femme et moi cédons nos bénéfices à nos collègues de travail, mais que, grâce à une nouvelle attitude, la productivité a tellement augmenté que les vergers ont dégagé un revenu plus élevé pour chacun de nous.
Nous avons pris la décision de ne plus jamais rien décider sans d'abord consulter tous les employés. La lumière pénètre mieux avec 10 fenêtres qu'avec une seule.
Nous discutons souvent de la façon dont nous pouvons partager ce mode de vie avec les autres. En réfléchissant aux développements qui sont intervenus dans les vergers et à la façon dont les personnalités influencent les résultats des négociations entre un employeur et son personnel au sujet du travail, l'employeur et l'employé se rendent compte que le partage des problèmes est la meilleure solution pour tous. Grâce à l'idée d’Initiatives et Changement, basées sur les quatre valeurs absolues, il est possible de changer le fonctionnement de la nature humaine.