Pour Haj Jamil Ssebalu, il fallait offrir une chance aux jeunes Ougandais défavorisés et peu scolarisés et leur donner des compétences commerciales. Cette vision initiale l’a conduit à construire le Collège de Commerce de Namasuba en 1995. La charte de l’Etablissement affirme : « Notre objectif est de fournir au monde de l’entreprise des leaders engagés éthiquement, compétents techniquement et prêts à servir la communauté. »
Dans une publication du Collège, Jamil écrit : « Mon intérêt, c’est la révolution, pas seulement en Afrique, mais dans le monde entier, et avec tous. La planète est devenue un grand village. Pour y vivre, il faut travailler de façon constructive à une société durable et fonctionnelle où chacun ait de quoi manger et de quoi satisfaire son cœur. Ce changement n’arrivera pas au gré des platitudes morales si courantes durant les élections, et qui s’avèrent totalement incapables de réveiller la bonne volonté des hommes, désamorcer leurs mauvaises intentions ou les sortir de leur torpeur. Cela n’arrivera pas avec l’énergie nucléaire : nous savons bien que sa force pourrait détruire la civilisation. Pas plus avec les gaz lacrymogènes ou les armes à feu, mais avec un développement des cœurs : des individus ont choisi cette tâche essentielle pour notre époque, car nous ne pourrons plus vivre dans la sécurité et la liberté en nous laissant diviser par la haine, la peur et l’envie. »
Pour Jamil, « les gens font des études et acquièrent des compétences. Pourtant, beaucoup restent en retrait, attendant que les choses tombent du ciel. C’est faux ! Je veux les mobiliser pour qu’ils se prennent en main eux-mêmes. Pour moi, les difficultés ne sont pas des obstacles mais des défis qui créent des opportunités. Je suis tellement heureux quand mes amis partagent des bonnes nouvelles. Nous avancerons si nous utilisons les atouts à notre disposition. »
Le Collège grandit année après année, grâce à une forte demande en compétences de management et en valeurs éthiques. De nouvelles constructions apparaissent, l’organisation s’améliore au fur et à mesure que des fonds sont disponibles. Des étudiants participent aux travaux durant les vacances pour couvrir leur scolarité.
Le lien ville-campagne est essentiel : 40 000 agriculteurs ont participé à des journées de formation au management. Le Collège de Namasuba s’est lié à un village rural désirant se développer. Les étudiants y viennent pour apprendre les techniques agricoles. Une école y a été construite et les agriculteurs y reçoivent aussi une formation.
Les gens étudient et acquièrent des compétences multiples. Ce qui manque, c’est la motivation, le courage d’utiliser les connaissances acquises pour devenir productif.
Je suis Musulman. La pratique de ma foi me pousse à suivre la volonté de Dieu : cela signifie pour moi de prendre ma part dans la création d’une société où chacun peut vivre.
Haj Jamil Ssebalu
Agriculteur, Ouganda